Ce jardin breton est un lieu en transition, en mouvement, en réinvention.
Pendant longtemps, il s’est présenté sous une forme très structurée, inspirée des jardins à la française. L’organisation était géométrique, rigoureuse, avec des haies taillées au cordeau, des buis bordant les allées, une pelouse soigneusement entretenue, et des massifs floraux saisonniers où l’ornement était roi. Chaque chose avait sa place, et la nature y était contenue dans des lignes précises, reflétant une certaine idée de l’ordre et du beau.
C’était un jardin conçu avant tout comme un décor, un espace de contemplation, où les plantes étaient choisies pour leur effet visuel, et remplacées au gré des saisons. Le sol était peu considéré, souvent travaillé mécaniquement, et les espèces spontanées y étaient systématiquement arrachées.
Peu à peu, ce modèle a laissé place à une nouvelle vision : celle d’un jardin vivant, nourricier, et accueillant pour le sauvage. Aujourd’hui, la priorité n’est plus de maîtriser la nature, mais de collaborer avec elle. Le jardin évolue vers un paysage plus libre, plus souple, qui mêle plantes comestibles, vivaces, arbustes à fruits, aromatiques et médicinales, dans des associations parfois planifiées, parfois spontanées.
Le sol, désormais au cœur de la démarche, est traité comme un organisme vivant. On ne le retourne plus. Il est nourri, protégé, respecté. Le paillage, le compost, la couverture végétale permanente remplacent les engrais ou les outils invasifs. Cette attention au sol permet non seulement une meilleure résilience, mais aussi une floraison et une croissance plus riches, plus durables.
Certains espaces sont laissés semi-sauvages, pour observer comment la nature s’installe et interagit. D’autres zones sont cultivées avec soin, mais sans rigidité : on y teste des associations végétales, des plantes nouvelles, des manières de produire tout en préservant. Ce n’est plus un jardin figé, mais un écosystème en mouvement, qui raconte une histoire d’adaptation, de curiosité, et d’écoute du vivant.
Ce jardin devient ainsi un lieu d’expérience, à la fois esthétique et comestible, productif et poétique. Il invite à ralentir, à observer, à jardiner autrement. À cultiver non seulement des plantes, mais un lien plus profond avec la terre.